CM 4:   Polynômes

Définition 4.1.

Un polynôme à coefficients réels ou complexes est une expression de la forme





P(X)=anXn+an1Xn1++a1X+a0=k=0nakXk,

où les ak sont des éléments de ou , appelés les coefficients du polynôme P. Si an0, le degré du polynôme P est degP=n. Le polynôme P est nul si et seulement si tous ses coefficients sont nuls. On écrit [X], [X] pour l’ensemble des polynômes à coefficients réels ou complexes.





Operation 4.2.

(Multiplication, Somme et multiplication par un scalaire)





  • On peut multiplier un polynôme P=k=0nakXk par un nombre réel ou complexe t : on obtient le polynôme tP de même degré que P :





    tP=k=0n(tak)Xk.
  • On peut ajouter deux polynômes P=k=0nakXk et Q=k=0mbkXk. On obtient le polynôme P+Q, de degré inférieur ou égal au maximum des degrés de P et Q :





    P+Q=k=0max(n,m)(ak+bk)Xk.
  • Pour le produit, il faut être plus précis dans les notations. Si P(X)=k=0nakXk est un polynôme de degré n et Q(X)=k=0mbkXk est de degré m, alors le produit





    PQ(X)=cn+mXn+m+cn+m1Xn+m1++c0

    est un polynôme de degré





    deg(PQ)=deg(P)+deg(Q)=n+m.

    Ses coefficients sont donnés par des sommes finies, qu’on calcule en développant le produit :





    c0=a0b0
    c1=a0b1+a1b0
    c2=a0b2+a1b1+a2b0
    cl=a0bl+a1bl1++alb0=i,j0,i+j=laibj
    cn+m=anbm
Exemple 4.3.

Soient P(X)=2X5+2X3, Q(X)=4X10+3X2+X+2. Alors





P(X).Q(X)=(2X5+2X3)(4X10+3X2+X+2)=
=2.X5.(4X10+3X2+X+2)+2X3.(4X10+3X2+X+2)
=8X15+6X7+2X6+4X5+8X13+6X5+2X4+4X3=
=8X15+8X13+6X7+2X6+10X5+2X4+4X3
Définition 4.4.

Soit P=anXn++a1X+a0 un polynôme à coefficients complexes. On dit que α est une racine du polynôme P si P(α)=0.





Énoncé indispensable 4.5.

Si α est une racine du polynôme P, alors il existe un polynôme Q tel que





P(X)=(Xα)Q(X).
Énoncé indispensable 4.6.

Tout polynôme de degré 1 à coefficients complexes admet une racine dans . En particulier, tout polynôme P de degré n1 a exactement n racines complexes (parfois répétées) α1,,αn. Il se factorise sous la forme :





P=a(Xα1)(Xαn)=ak=1n(Xαk).
Exemple 4.7.
  • Le polynôme X31 admet une seule racine dans . Mais dans on trouve aussi ei2p3 et ei2.2p3. Donc, sur on peut factoriser





    X31=(X1)(Xei2p3)(Xei22p3)
  • On a la factorisation complète





    Xn1=k=0n1(Xe2ikπn).
Exemple 4.8.

(Multiplicité) Soit P(X)=(X1)2(X+1)=(X1)(X1)(X+1). La racine X=1 apparaît deux fois. On dit qu’elle a une multiplicité 2.





Définition 4.9.

Soit P[X] un polynôme à coefficients complexes. On dit que a est une racine de multiplicité m s’il existe un polynôme Q tel que





P(X)=(Xa)mQ(X)

avec Q(a)0. (On dit aussi que a est une racine d’ordre m de P.)





Pour savoir si une racine est multiple et connaître son ordre, il faut considérer les polynômes dérivés.





Définition 4.10.

Soit P=anXn+an1Xn1++a1X+a0 un polynôme de degré n à coefficients complexes. La dérivée de P est le polynôme P de degré n1 à coefficients complexes donné par





P(X)=nanXn1+(n1)an1Xn2++kakXk1++2a2X+a1.

On va établir un critère pour vérifier que a est une racine d’ordre m de P. Ce critère s’énonce en termes des dérivées successives P, P′′=P(2), P′′′=P(3), …, P(k) du polynôme P.





Proposition 4.11.

(Caractérisation d’une racine multiple). Soit m1 un entier. Le nombre complexe a est une racine de multiplicité m du polynôme P si et seulement si les dérivées successives de P vérifient





P(a)=0=P(a)==P(m1)(a),

et P(m)(a)0.